GoogleTube : besoins de recherches en SHS

10 10 2006

Je profite du buzz autour du rachat de YouTube par Google pour reprendre et prolonger la réflexion proposée par Alexis Mons ce matin sur le blog de groupe Reflect (« YouTube, premières leçons d’un rachat ») dans laquelle il souligne le primat, pour l’économie 2.0, de la valeur de l’échange ou de la relation, sur celle du contenu ou du produit :

En fin de compte, il me semble que la leçon de ce rachat, c’est de croire au changement économique du 2.0, celui d’une économie non plus centrée sur la matière, mais sur les échanges, la notoriété et la socialisation que cela rapporte à chacun. C’est après tout ça que nous allons tous chercher sur les services 2.0 et il est alors sain de penser que la valeur d’un service soit lié à ça et non au contenu qu’on a déposé chez lui.

La nouvelle a surpris beaucoup de pronostiqueurs qui se refusaient à croire au rachat de YouTube par Google mettaient notamment en avant le problème soulevé par les droits de propriété intellectuelle : les ayants-droits, et en premier lieu les majors, principaux fournisseurs de contenu audio-visuel, étaient censés attendre le rachat de YouTube par un gros poisson, solvable, pour déclencher une déferlante de procès pour toutes les vidéos illégalement diffusées sur ce site. Le montant de l’opération financière (1,65 milliards de dollars pour une compagnie qui a moins de 2 ans et de 70 salariés) a d’autant plus dérouté ceux qui négligeaient le transfert de valeur, dans le modèle économique 2.0, des objets d’échange au profit du réseau.

Cette valeur des réseaux, elle transparait bien sûr dans le montant des acquisitions récentes. Toutefois, sans une meilleure compréhension de leur fonctionnement (genèse, organisation, développement, entretien et délitement), l’estimation de cette valeur, basée uniquement sur des ventes ou achats de sociétés, reste difficilement transférable ou exploitable, donc ni largement généralisable ni prédictible. C’est pourquoi il semble important de multiplier, bien au-delà de ce qui se fait déjà, les projets de recherche portant sur le fonctionnement de ces collectifs, communautés ou réseaux socio-techniques, pour lesquels de nombreuses spécialités des sciences de l’homme sont pertinentes. L’enjeu socio-économique en est évident.

Par ailleurs, le modèle économique 2.0 bouscule de façon incontestable plusieurs principes de la propriété intellectuelle. Pourtant les bouleversements qu’on peut pressentir restent encore aujourd’hui très flous. Ici encore, des recherches sur les usages et parallèlement des travaux apportant un développement théorique du droit en la matière sont donc valorisables.



Le wiki sémantique

9 10 2006

InternetActu.net publie aujourd’hui un billet de présentation du wiki sémantique, s’appuyant sur Semantic Mediawiki, l’extension proposant une fonctionnalité sémantique au wiki, notamment pour Mediawiki, transformant le wiki en une « espèce de base de données où tous les objets sont liés entre eux par des propriétés, permettant ainsi des recherches complexes non ambigües ». Pour la mettre en oeuvre, l’idée d’utiliser les principes de la syntaxe wiki pour y ajouter des informations sémantiques paraît séduisante :

Semantic Mediawiki permet d’ajouter des relations et des attributs aux données. Ainsi, dans un wiki normal, sur un article évoquant Paris, on écrirait : « Paris est la capitale de la [[France]] », faisant ainsi un lien vers l’article France. Avec Semantic Mediawiki, on écrira : « Paris est la capitale de la [[is capital of::France]] » ou « Paris a une population de [[population:=2 144 700 habitants]] ».

Cette syntaxe présente l’intérêt d’être relativement simple pour l’utilisateur (plus simple en tout cas que de coder l’information et les relations en RDF/XML par exemple). Mais je n’ai pas eu l’occasion pour le moment de tester l’outil ; je reste du coup dubitatif sur le succès de la méthode. Outre le problème de la langue choisie pour coder l’information, par exemple, ce qui risque de provoquer des difficultés d’interopérabilité, se pose celui de la non-univocité de cette information : sa catégorisation n’est jamais unique, et peut donc varier. Pour fonctionner, il me semble qu’il faille alors astreindre les utilisateurs à une rigueur non négligeable, sous peine de les exposer à une inflation des ontologies utilisées.

Il faut que je creuse le principe de son utilisation : si vous avez des conseils à me donner sur le choix des outils, ou des éclaircissements sur l’utilisation pratique de wikis sémantiques, n’hésitez pas à me contacter ou me laisser des commentaires.



Erreurs courantes dans les accords de consortium du 6e PCRD

6 10 2006

L’IPR-Helpdesk vient de publier une synthèse sur les erreurs les plus communément rencontrées dans les accords de consortium du 6e PCRD. Les « erreurs » dont il s’agit se rapportent fondamentalement à des cas où l’accord de consortium n’est pas en conformité avec le contrat prévu par la Commission, incluant des clauses qui ne sont pas autorisées par l’annexe II des conditions générales de participation.

Tout d’abord, les accords de consortium incluent souvent des termes vagues et mal définis (comme « preferential conditions », « fair and non-discriminatory conditions » ou encore « exceptional circumstances »), qui sont pourtant critiques et peuvent provoquer des malentendus entre les contractants.

Ensuite, l’article II.35.1.d) de l’annexe II stipule que les exclusions d’accès à des savoir-faire pré-existants doivent être précisées et détaillées dans le contrat, pas par une liste positive explicitant ce qui est partagé et excluant « le reste », mais une liste négative explicitant les savoirs exclus. La liste des savoir-faire éventuellement exclus doit comprendre tous les savoir-faire de la partie contractante concernée (nécessaires à la recherche) et pas seulement ceux de ses services impliqués dans le partenariat. Une exclusion donnée doit concerner tous les contractants, et non pas, par exemple, un nouveau signataire de l’accord.

Par ailleurs, les accords de consortium oublient souvent d’indiquer qu’au cas où l’un des contractants renoncerait à protéger ses connaissances, il doit prévenir non seulement les autres partenaires mais aussi la Commission, et ce avant que toute décision finale soit prise (conformément à l’article II.33.2). En ce qui concerne les publications (y compris les thèses et autres travaux universitaires), les accords de consortium doivent respecter les délais de notification et d’objection prévus par l’article II.33.3, même si les accords visent à accélerer les procédures. Le principe de protection des connaissances doit prévaloir sur le principe de publication académique.

D’autre part, les compagnies filiales sont considérées comme des tiers dans les accords. Il est donc indispensable d’établir en annexe des accords, la liste des filiales susceptibles de bénéficier de licences d’exploitation. Les contractant ont également l’obligation de prévenir la Commission si les droits d’accès accordés à ces filiales contreviennent aux intérêts de l’économie européenne. Ils doivent aussi veiller à ce que leurs accords avec leurs filiales ne vont pas contre les intérêts des co-contractants.

Enfin, dans le cadre des PCRD, le mot « utilisation » (des résultats) s’entend comme utilisation ou exploitation pour de futures activités de recherche, et non suivant le sens commun plus général.

Lire la synthèse in extenso.



Le Conseil constitutionnel ouvre la voie à l’Accord de Londres

5 10 2006

Par une décision du 28 septembre 2006, le Conseil constitutionnel français a déclaré conforme à la Constitution française ationale l’Accord de Londres du 17 octobre 2000 sur l’application de l’article 65 de la Convention sur la délivrance des brevets européens, qui doit permettre, au stade de la délivrance d’un brevet européen, de réduire de manière significative les exigences actuelles en matière de traduction.

Le 12 septembre dernier, 76 députés, à l’initiative de Jacques Myard, avaient saisi le Conseil Constitutionnel afin de faire déclarer inconstitutionnel l’Accord de Londres. Ils attiraient, de plus, l’attention sur les enjeux économiques qui s’attachent à l’Accord de Londres, considérant que sa ratification créerait un déséquilibre et placerait nos entreprises en position de faiblesse vis-à-vis des entreprises étrangères, notamment américaines. Par ailleurs, la saisine parlementaire avait été complétée par une saisine du Premier ministre interrogeant le Conseil constitutionnel sur la possibilité de ratifier l’accord de Londres sans révision constitutionnelle préalable. Au printemps déjà, un amendement de M. Fourgous à la Loi de Programme n° 2006-450 du 18 avril 2006 pour la Recherche, autorisant la ratification de l’Accord, avait finalement été rejeté.

Rappelons que l’Accord de Londres a notamment pour objectif de réduire, au stade de la validation des brevets, les exigences en matière de traduction prévues par l’article 65 de la Convention sur la délivrance de brevets européens. Pour les États, comme la France, ayant comme langue officielle l’allemand, l’anglais ou le français (langues de l’OEB), l’Accord prévoit que seule la partie du brevet correspondant aux revendications (et donc pas la partie de description de l’invention) sera traduite dans leur langue nationale. Certes, la ratification de l’Accord ne serait pas sans incidences sur les revenus des professionnels assurant actuellement ce service de traduction (conseils en propriété industrielle, etc.), mais ce manque à gagner correspondrait en revanche à de substantielles économies pour les entreprises déposant des brevets.

Les parlementaires ayant saisi le Conseil constitutionnel considéraient que l’Accord violait l’article 2 de la Constitution, qui stipule que « la langue de la République est le français ».

Le Conseil constitutionnel a rejeté la saisine s’appuyant sur le fait que :

  • les effets juridiques de la traduction en français d’un brevet européen s’inscrivent dans des relations de droit privé ;
  • l’accord n’oblige pas les agents ou services publics à utiliser une langue autre que le français ;
  • pas plus qu’il ne confère aux particuliers, dans leurs relations avec l’Institut national de la propriété industrielle, un droit à l’usage d’une langue autre que le français.

Pour mémoire, afin d’entrer en vigueur, l’Accord doit 1° être ratifié par au moins 8 des 10 États contractants : l’Allemagne, le Danemark, la France, le Liechtenstein, le Luxembourg, Monaco, les Pays-Bas, le Royaume-Uni, la Suède, et la Suisse. Il doit 2° être ratifié par la France, l’Allemagne et le Royaume Uni - or parmi ces trois États, seule la France ne l’a pas encore ratifié.

Pour aller plus loin, voir le Rapport de mission de M. Georges Vianès, « Brevet européen : les enjeux de l’Accord de Londres ».

Sources :

Via PI France. Voir égalment, sur le même sujet, le billet de Pierre Breesé.



Les changements induits par la Bureautique 2.0

4 10 2006

Louis Naugès propose aujourd’hui une synthèse éclairante sur la bureautique 2.0, avec notamment une identification des différences avec la bureautique 1.0 :

Principes Bureautique 1.0 Bureautique 2.0
Qui : Je Nous
Quoi : Produire Partager
Plateforme : PC Web
Outils : Suite intégrée Composants
Fonctionnalités : Puissantes Légères
Nombre d’outils : Faible Elevé
Fournisseurs : Monopole Nombreux
Formats : Propriétaires Ouverts
Classement : Dossiers Tag, étiquette

Je propose une dixième différence majeure, qui pourrait caractériser le mode de travail ou son organisation, et concerner la temporalité. La synchronie ou la succession sérielle des tâches sont emblématiques de la bureautique 1.0. La bureautique 2.0 par contre, parce qu’elle s’appuie sur le travail collaboratif, le partage et l’échange que facilite le web, favorise - en plus du travail synchrone - l’asynchronie ou le travail en parallèle.

Cette réorganisation du travail est possible grâce aux nouveaux outils mais demande également de profonds changements de mentalité et le développement de nouvelles compétences sociotechniques.



Lancement du 3e appel à projets pour les pôles de compétitivité

3 10 2006

Un nouvel appel à projets a été lancé par les ministères qui contribuent au fonds unique - Industrie, Défense, Agriculture, Santé, Aménagement du Territoire et Equipement - pour les pôles de compétitivité. Il est, comme le précédent, ouvert à l’ensemble des secteurs économiques, industriels (y compris agro-alimentaires) ou de services. Les projets devront être présentés avant le 15 décembre 2006.

Je voudrais profiter de l’occasion pour expliciter un voeu - qui reste pieux peut-être encore à l’heure actuelle au regard des habitudes et des mentalités. Ces pôles visent le développement de l’innovation, or il n’y a pas d’innovation technologique sans évolution sociétale conjointe.

Donc notamment pour éviter ce qu’on appelle les « ruines technologiques » (ces superbes produits qui sont refusés par les utilisateurs ou destinataires et qui finissent au placard), les industriels ont tout intérêt à s’appuyer également sur des centres de recherche en sciences de l’homme, pour que des chercheurs se penchant sur les logiques d’usages soient impliqués, en amont du développement et pendant, dans la conception des produits innovants : en effet, ces questions ne peuvent pas être résolues par une approche a posteriori se résumant au marketing ou aux techniques de vente.

Mais je pense qu’il est parallèlement de la responsabilité des chargés de valorisation des structures de recherche en sciences de l’homme de se rapprocher des regroupements élaborant ces pôles et d’oeuvrer pour y introduire ces dimensions au bénéfice de chacun.



Fonctionnement de l’entreprise classique vs entreprise 2.0

2 10 2006

Rod Boothby nous proposait il y a quelques jours une analyse des peurs que les blogs internes pouvaient susciter chez les responsables d’entreprise : Bloggers are Dangerous. Vincent Maurin (Faut le savoir) en a proposé un résumé en français très synthétique.

Comparaison des modes de fonctionnement

Dans la même veine, Rod Boothby a élaboré hier un tableau comparatif pour tester une première réponse à la question : comment le mode de fonctionnement des affaires d’aujourd’hui soutient-il la comparaison avec le mode de fonctionnement d’une entreprise 2.0  ?

À côté des différences relevant de questions techniques, le point crucial, qui rejoint l’analyse qu’il proposait dans le billet sur le danger des bloggers que je citais plus haut, apparait être la notion de contrôle et la conception du management qu’ont ou qu’auront les entreprises. Selon Rod Boothby, les modes actuels de management les plus fréquents relèvent de la théorie X de Douglas Mc Gregor (le management autoritaire) et du contrôle direct, quand l’entreprise 2.0 promeut un contrôle oblique, basé sur des primes d’encouragement, autorisant les collaborateurs à prendre des initiatives, c’est-à-dire un management participatif (le management Théorie Y).

Réflexion en cours d’élaboration - à suivre.



Participation difficile des PME au PCRD

1 10 2006

Les PME représentent 99% de l’ensemble des entreprises européennes et assurent environ 75 millions d’emplois. On comprend que le soutien au PME figure parmi les principales priorités de l’Union Européenne.

Malgré cela, l’étude intitulée « Vers un programme TSI favorable aux PME. Enseignements du 6e PC et recommandations politiques pour le 7e PC, avec une insistance particulière sur la situation dans les nouveaux États membres », estime que sur le terrain, l’expérience des PME montre qu’il y a encore matière à certaines améliorations. Au vu des informations reçues des PME ayant participé au 6e Programme Cadre pour la Recherche et le Développement Technologique en général, et en particulier au programme Technologies de la société de l’information (TSI), le document souligne que beaucoup de ces entreprises ont rencontré des difficultés au cours du 6e PC, et formule plusieurs recommandations afin de lever les barrières mises en évidence par l’étude :

  • améliorer l’intégration des PME dans le processus de définition des politiques au niveau communautaire, soit en finançant une représentation des PME de haute technologie, soit en encourageant les organisations existantes à éliminer les barrières à la participation ;
  • augmenter les ressources pour les priorités TSI allant dans l’intérêt des PME ;
  • améliorer la coordination entre les différents projets de soutien des PME ainsi qu’au sein des services de la Commission ;
  • réintroduire des instruments convenant aux PME, tels que les « actions de lancement » et les « primes exploratoires » (ces primes qui, dans les Programmes Cadres précédents - 22500 € dans le 5e et 45000 € dans le 4e PC), permettaient aux PME de compenser les coûts occasionnés par la recherche de partenaires et la préparation d’une proposition sur la base de l’expérience de tiers, ont été supprimées dans le 6e PC) ;
  • tenir compte de la situation financière des PME en introduisant un taux plus élevé pour les frais généraux, en améliorant leur flux de trésorerie, en clarifiant les règles financières et l’accès à la gestion ainsi qu’en explorant les voies possibles pour faciliter la sous-traitance aux PME ;
  • améliorer l’intégration des PME dans les équipes centrales des consortiums ;
  • créer un bureau de médiation pour les PME afin de régler tous les problèmes survenant durant l’exécution du projet (un code de conduite devrait être établi) ;
  • simplifier les règles et les procédures et développer des méthodes novatrices afin de réduire la charge bureaucratique pesant sur les PME.

Consulter :

Via CORDIS.



L’ANR se dote d’un flux RSS

19 09 2006

Pour suivre l’actualité et la publication des appels d’offre de l’Agence Nationale de la Recherche, j’utilisais jusqu’à présent mes propres flux RSS, élaborés grâce à Feed43. Mais je dois avouer que pour ce site, ils ne fonctionnaient pas très bien, me signalant comme nouveautés des informations déjà anciennes et que j’avais déjà consultées.

C’est donc avec satisfaction que je constate aujourd’hui que l’ANR propose désormais un flux RSS pour suivre ses actualités au fur et à mesure de leurs parutions.

J’aimerais bien que le réseau C.U.R.I.E en fasse de même…



Archimag - Un nouveau site, une newsletter et… des fils RSS

16 09 2006

Sylvie Le Bars (Arkandis) déplorait hier, en annonçant le nouveau site d’Archimag, que ce dernier ne propose pas de fil RSS pour suivre ses mises à jour. Le suivi de ce site m’intéressant, j’ai essayé de pallier à ce manque. Donc, il n’y avait pas de fils RSS, il y en a maintenant plusieurs.

Pour ceux qui préfèrent, j’ai également préparé un fil regroupant les 5 précédents : RSS

J’ai aussi créé un flux correspondant à l’Agenda : RSS

Malheureusement, le code html de cette page est mal structuré ; par conséquent, il n’a pas été possible de récupérer le lien de chaque news du flux. À défaut, j’ai choisi de faire pointer chaque news vers la page Agenda (sur laquelle, on retrouvera les liens en question).

Enfin, j’ai commencé à préparer un fil pour la newsletter d’Archimag aussi ; dès que j’aurais la confirmation qu’il fonctionne bien, j’en indiquerai ici l’adresse (si vous n’avez pas de nouvelles, c’est que le résultat n’aura pas été satisfaisant).
Bonnes lectures !